Le double visage du Dr Karl Roos

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Le double visage du Dr Karl Roos, publié chez 3E éditions, au prix de 3,99 euros en e-book.

Les autonomistes alsaciens-lorrains dans l’entre-deux guerres

Les autonomistes d’un pays ont toujours intéressé les pays étrangers voisins. Le NSDAP, parti nazi, était fasciné par les autonomistes alsaciens-lorrains. Et pour cause, les nazis y avaient des admirateurs, d’autant plus que l’Allemagne avait occupé l’Alsace Lorraine pendant 48 ans !

Le trio badois, René César Ley, le Dr Henri Muth et le comte Rapp, puis Karl Roos, Robert Ernst et leurs amis dont Paul Schall, René Hauss, Marcel Stürmel… étaient tournés vers l’Allemagne. L’admiration de Karl Roos l’amènera à rejoindre les hitlériens. Quand les nazis occuperont l’Alsace, ils le porteront aux nues. Et le 19 juin 1941, ils lui rendront un hommage solennel posthume. Encadré de SS, son cercueil sera porté au château de Hunebourg, une des Ordensburgen de la SS… À partir de ce moment-là, des pèlerinages y furent organisés par les autorités hitlériennes, à grand renfort de propagande pour toute la population alsacienne-lorraine.

Dans ses projets pour l’Alsace-Lorraine, les autonomistes, dont Karl Roos et Robert Ernst seront l’arme efficace du IIIe Reich, ainsi que les leaders syndicalistes communistes comme Charles Hueber, député communiste et Jean-Pierre Mourer syndicaliste et communiste également..

Il y aura plusieurs procès des autonomistes. Karl Roos sera jugé 2 fois, Robert Ernst également. Lors de son premier jugement Karl Roos roulera ses juges, mais la seconde fois non. Condamné à mort, il sera fusillé le 7 février 1940 à Champigneulles près de Nancy.

Robert Ernst d’abord condamné par contumace, car réfugié en Allemagne, choisira carrément la nationalité allemande. Après la victoire des Alliés, lors de la Seconde Guerre mondiale, il sera de nouveau jugé, mais finalement, il coulera des jours heureux en Bavière. Il y mourut le 14 avril 1980 à Rimsting.

La résistance juive s’organise en Alsace

Dans l’entre-deux guerre, les réfugiés afflueront en Alsace. Beaucoup de Juifs fuyant le nazisme. Martin Buber en sera… Le Dr Joseph Weill organisera leur accueil et aussi la résistance contre le nazisme. Il occupera un rôle important.

La Hatikva, l’espoir organisation de jeunes résistants juifs, sera à la pointe de la lutte antinazie. Avec le Dr Joseph Weill, ils organiseront la résistance juive en Alsace. De nombreuses conférences pour débusquer Mein Kampf d’Hitler et Bagatelles pour un massacre de son admirateur Céline se tiendront à Strasbourg.

Enzo Sereni viendra lui aussi à Strasbourg pour dénoncer les nazis et leurs fidèles français. Celui qui croyait que Juifs et Arabes étaient frères, ce pacifiste convaincu lutta sans relâche contre les idéologies totalitaires. Malgré son âge, il insista pour faire partie d’un commando destiné à infiltrer les lignes allemandes pour prêter main-forte aux partisans italiens. Le 15 mai 1944, avec plusieurs autres, hommes et femmes, dont Hannah Szenez et Haviva Reik, les Anglais le parachutèrent au nord de l’Italie, occupée par les Allemands. Il fut pris. Les nazis le déportèrent à Dachau. Enzo Sereni fut fusillé par les SS le 18 novembre 1944, il avait 39 ans.

Lors de la 2de Guerre mondiale, quand les Allemands réoccuperont l’Alsace-Lorraine, le NSDAP donnera des postes de haute responsabilité à tous les autonomistes influents. Au préalable, ils avaient prêté allégeance à leur maître Hitler.

Dans le livre, Le double visage de Karl Roos, on va tantôt à Berlin, tantôt à Strasbourg, et on voit comment les liens se tissent entre les nazis, dont Joseph Goebbels, Karl Roos et Robert Ernst. Montée du nazisme au-delà du Rhin, montée du nazisme en deçà.

L’occupation nazie et le camp de Struthof-Natzweiler

Au moment où les nazis occuperont l’Alsace-Lorraine, ils seront sans pitié pour toutes les catégories sociales qui leur tiendront tête, et aussi pour ceux qu’ils appelaient les sous-hommes, juifs, homosexuels, malades mentaux…

Ils construiront des camps, dont le Struthof-Natzweiler, avec le monstrueux Josef Kramer comme commandant. Des scientifiques nazis, comme Eugen Haagen, Otto Bickenbach et August Hirt, y commirent les pires crimes. À partir de 1943, ils installèrent même une chambre à gaz. Le camp de Struthof-Natzweiler, c’étaient 52000 prisonniers, objet d’expériences, torturés, mutilés… L’horreur ! Le camp de Struthof-Natzweiler, ce furent 20000 morts ! Nuit et brouillard. Pas de procès, pas de trace…

La résistance alsacienne

La résistance en Alsace-Lorraine s’organisera, elle aura ses héros, dont la Main Noire, dirigée par Albert Uhlrich, Ceslav Sieradzki et Marcel Weinum, un mouvement d’une vingtaine de membres, apprentis ou collégiens ; c’étaient tous des catholiques très jeunes. Ils multiplièrent les actions qui allèrent en s’amplifiant contre l’occupant allemand. Le 8 mai 1941, ils lancèrent une bombe qui faillit coûter la vie au plus haut dignitaire nazi d’Alsace, le Gauleiter Robert Wagner… Marcel Weinum fut décapité à Stuttgart le 14 avril 1942, il avait 18 ans. Ceslav Sieradzki fut torturé à mort, il ne dénoncera pas ses compagnons, il avait 16 ans.

Près de 500 communistes alsaciens-lorrains furent déportés pour fait de résistance. Parmi eux beaucoup de cheminots, dont Georges Wodli, qui mourut au siège de la Gestapo, à Strasbourg le 2 avril 1941 sous la torture.

Les communistes, les croyants, une grande partie du pays résistait, contre l’assimilation forcée des hitlériens.

Le Dr Joseph Weill fut un résistant. Après l’évacuation de Strasbourg, replié dans le sud de la France, comme beaucoup d’Alsaciens-Lorrains, il fut sur tous les fronts. Il continuait à soigner également. Avec son frère Élie, Gaston Revel, Henri Nerson et Gaston Levy, il créa une équipe mobile de dépistage de la tuberculose pour toute la Dordogne… Après les lois antijuives de Vichy, qui interdirent aux médecins juifs d’exercer, le Dr Joseph Weill s’engagea dans l’OSE, l’œuvre de secours aux enfants, un groupe juif de résistance non armée. Il agira aux côtés d’Andrée Salomon, Georges Loinger, Lazare Gurvic, Julien Samuel et tant d’autres… Grâce à eux, 1500 enfants échappèrent Auschwitz. Puis, il alla se battre en Suisse. La guerre finie, en avril 1945, il revint en France, où il s’occupa des survivants de la Shoah… En 1954, il fut élu président du Consistoire israélite du Bas-Rhin, il mourut en 1988, à l’âge de 86 ans, très entouré.

Les procès d’après-guerre

Une série de procès, la guerre étant finie, auront lieu contre les hitlériens allemands et alsaciens lorrains, il y aura des exécutions, mais les idées d’Hitler seront loin d’être mortes. Robert Wagner fut jugé par le tribunal militaire de Strasbourg en mai 1946. À son procès, il se leva et hurla en allemand : « Vive le grand Reich allemand ! Vive Adolf Hitler ! » Dans le box, tous les autres accusés, eux aussi hauts dignitaires nazis, se levèrent et répondirent d’une seule voix : « Heil Hitler ! » en faisant le salut nazi… Le Gauleiter Robert Wagner fut condamné à mort, ainsi que Hermann Röhn, Walter Gädeke, Adolf Schüppel, Hugo Grüner et Richard Huber. Le 14 août au fort de Ney, Robert Wagner, Hermann Röhn, Adolf Shüppel, Walter Gädeke et Karl Buck (ex-commandant du camp de Schirmeck) furent fusillés.

Josef Kramer, bourreau du camp de concentration du Struthof, fut condamné à mort par un tribunal britannique. Il fut pendu le 12 décembre 1945.

Le sort des autonomistes français.

En fuite, le colonel SS Hermann Bickler, Paul Schall, René Hauss, René Schlegel, Edmond Nussbaum furent condamnés à mort par contumace par le tribunal de Strasbourg le 3 septembre 1947.

Jean-Pierre Mourer fut condamné à mort le 28 février 1947. Il fut fusillé le 10 juin.

Le 18 juillet 1947, la cour de justice de Mulhouse condamna Marcel Stürmel à 8 ans de travaux forcés, 20 d’interdiction de séjour et à l’indignité nationale.

Joseph Rossé fut condamné par la cour de justice de Nancy à 15 ans de travaux forcés, à l’indignité nationale à vie, à 20 ans d’interdiction de séjour et à la confiscation de tous ses biens le 12 juin 1947.

Pour justifier leurs thèses insensées sur la prétendue inexistence d’artistes juifs, les nazis arrêtèrent tous les compositeurs juifs du Reich. Herbert Gerigk les avait répertoriés à cet effet dès 1934, n’oubliant aucun « juif ou demi-juif ».

Les artistes juifs décimés

Trente-deux compositeurs et musiciens juifs célèbres furent déportés et moururent là-bas… Parmi eux, Gideon Klein, qui avait seulement 25 ans et avait déjà composé plus d’une vingtaine d’œuvres, il mourut au camp de concentration de Fürstengrube. Mordechai Gebirtig, de son vrai nom Bertig, fut abattu par la Gestapo dans une rue de Cracovie le 4 juin 1942, c’est lui qui avait écrit, en particulier, S’brent, « Au feu ! » le chant des combattants des ghettos, après le pogrom de Przytyk en 1938. Le compositeur autrichien, Vikto Ullamann, qui avait à son actif plus de 80 partitions, dont plusieurs écrites au camp de concentration de Theresienstadt, mourut gazé le 18 octobre 1944 à Auschwitz-Birkenau, il avait 46 ans. Pavel Haas, le compositeur tchèque, à l’œuvre si riche, plus de 50 créations, mourut gazé le 17 octobre 1944 à Auschwitz. Rudolf Karel n’était pas seulement un virtuose, il dirigeait un groupe de résistants antifascistes. Quand la Gestapo l’arrêta, pour ne pas donner le nom de ses camarades, il fit semblant d’être fou, malgré tout avant de mourir, il composa Le chant de la liberté.

En France, c’est Céline qui propageait les idées nazies. Ainsi, dans Bagatelle pour un massacre, il écrivait : « Le juif nègre, métissé, dégénéré, en s’efforçant à l’art européen, mutile, massacre, n’ajoute rien. » C’est ce qu’avait dit Hitler dans Mein Kampf. Céline ajoute : « Le juif, né rusé, n’est pas sensible… Les Juifs manquent désastreusement d’émotion directe, spontanée… Ils parlent au lieu d’éprouver… Ils raisonnent avant de sentir… Au strict, ils n’éprouvent rien… Le Juif est la plaie de l’Humanité, l’ennemi de toutes les nations… »

Céline, cet imbécile, ne connaissait pas :

Les musiciens Klezmer, le peintre Amedeo Modigliani, Offenbach, Mendelssohn, Darius Milhaud, Paul Dukas, et L’Apprenti sorcier, le sculpteur Jacob Lipchitz, Gustave Mahler, le peintre Marc Chagall, Kurt Weill et son Opéra de quat’sous, Arnold Shönberg, Marcel Lattès et ses centaines de musiques de film, Moïse Maimonide, qui a écrit dix-huit traités de médecine, Casimir Oberfeld qui a écrit la musique de Barnabé, Félicie aussi pour Fernandel et Paris sera toujours Paris, tant d’opérettes à succès.

Casimir, dont tout le monde a fredonné un jour ou l’autre une de ses chansons, a été arrêté et envoyé à Auschwitz, il est mort en janvier 1945, il avait 40 ans. L’autre français, Marcel Moïse Lattès, qui avait composé près de 40 musiques de film et écrit 12 opérettes, a lui aussi été déporté à Auschwitz, il est mort le 12 décembre 1943, il avait 57 ans.

Le double visage du Dr Karl Roos, publié chez 3E éditions, au prix de 3,99 euros en e-book.

Empoisonnement par la digitaline

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L’empoisonneuse à la digitaline de Viviane Janouin-Benanti aux Éditions 3E : 3,99 euros en version e-book.

Le poison et les femmes

Le poison et les femmes c’est une longue histoire, même si, quand on fait le bilan, il y a presque autant d’empoisonneurs que d’empoisonneuses.

Les poisons de la marquise de Brinvilliers

Dans ce domaine, des poisons, la marquise de Brinvilliers au XVII siècle tient une bonne place. Elle a marqué son temps et même l’histoire du crime. Elle commença par acheter un maximum de fioles, se renseigna sur tous les poisons disponibles et s’exerça sur ses domestiques pour voir les effets produits, privilégiant l’arsenic. Après s’être bien exercée sur ses domestiques, la marquise de Brinvilliers décida de passer à la famille. Pendant 6 mois, elle empoisonna quotidiennement son père, qui finit par succomber. La criminelle passa alors à ses deux frères et à sa sœur, qu’elle tua également.

Quels étaient les mobiles de la marquise ? Accaparer l’héritage des siens ? Avoir le maximum d’argent pour tenir son train de vie dépensier ? Ou tout simplement aimait-elle tuer ? Ou les trois à la fois ?

La jouissance de l’empoisonnement

Les empoisonneurs n’aiment pas la violence physique, les armes à feu leur répugnent, mais la violence psychique les fait jouir. Elizabeth Ducourneau, l’empoisonneuse à la digitaline, est de ceux-là. Elle aussi n’aimait pas la violence physique, elle aussi aimait tuer.

La marquise de Brinvilliers avait été violée à 7 ans par un domestique, et abusée par ses frères, cela peut expliquer une partie de son comportement. Mais, il n’en était rien pour Elizabeth Ducourneau.

La marquise de Brinvilliers fut guillotinée le 16 juillet 1676, devant une foule énorme.

La fin d’Elizabeth Ducourneau, l’empoisonneuse à la digitale

Elizabeth Ducourneau, née Lamouly,  fut guillotinée en 1941 avec moins de spectateurs, mais elle eut le privilège d’être la femme qui mit fin à 64 ans de non-exécution de femmes. La dernière exécution remontait à 1877.

Qui se cache derrière Elizabeth Ducourneau ? Savourait-elle le plaisir de tuer ? Aimait-elle, comme tous les empoisonneurs, voir souffrir lentement ses victimes qui ne comprennent pas ce qu’il leur arrive ?

Une criminelle perverse, manipulatrice, dissimulatrice, machiavélique

Très jeune, elle avait été fascinée par les poisons, particulièrement par les poisons végétaux, comme la digitale, l’aconit, la ciguë, la belladone… Et la mort des autres ne lui faisait pas peur. Implacable criminelle, Elizabeth Ducourneau était insensible à la souffrance d’autrui, comme tous les empoisonneurs. Elle fait partie des criminels pervers, manipulateurs, dissimulateurs, elle a tous leurs défauts.

Elizabeth Ducourneau ne s’est arrêtée d’empoisonner que lorsqu’on l’a arrêtée. Sinon, elle aurait empoisonné tout Bordeaux. Oui, qui se cache derrière ce beau visage, pourquoi mettait-elle de la digitaline dans la tisane, dans la nourriture ? Quels objectifs poursuivait-elle ?

Quelle peine méritent les empoisonneurs ? Ces criminels qui ne s’arrêtent que lorsqu’on les arrête ?

Les médicaments qui deviennent des poisons

La digitaline, remède ou poison, tout dépend qui la manipule. Si la digitaline tombe en de mauvaises mains, c’est la mort au bout.

Elizabeth Ducourneau n’avait aucune excuse, elle avait de bons parents, une enfance heureuse, un mari aimant, des enfants affectueux, elle tenait un commerce qui marchait bien, pourquoi alors tuait-elle ? Quels objectifs profonds poursuivait-elle ?

Le roman d’Elizabeth Ducourneau, l’empoisonneuse à la digitaline

C’est ce qu’on découvre au fil des pages du roman : L’empoisonneuse à la digitaline de Viviane Janouin-Benanti aux Éditions 3E (3,99 euros en version e-book).

Un vrai bonheur.