Les cornes de pierre – une nouvelle enquête du juge Nourry

Le roman Les cornes de pierre de Jean-Paul Grellier est au cœur de l’enquête. Dans ce roman, une nouvelle fois, le juge Simon Nourry est envoyé à Fontenay-le-Comte, en Vendée pour élucider une affaire qui va générer de nombreux rebondissements.

Durant l’enquête, un procureur tremblera derrière son magnifique bureau Louis XV.

Nous sommes en 1817, dans un bateau qui approche de la Vendée, le marquis Maximilien de Salenceau rentre au pays, après un exil au Canada, où il s’est fait oublier. Étrange homme, il y a une trentaine d’années, il a été condamné à mort par contumace. Plutôt que de se retrouver au bagne pour ses crimes, il s’est enfui avant son procès et a filé au Québec, là où personne ne le connaissait sous son vrai jour.

Pourquoi, déjà, les magistrats rêvaient-ils de le pendre ? Dans la paisible bourgade de Fontenay-le-Comte, plus personne ne s’en souvient. Mais le marquis, lui, n’a pas oublié, loin de là. Il revient pour se venger et récupérer et son titre, et son château et ses terres vendéennes.

Mais qui donc les occupe à présent ?

Le marquis, aujourd’hui, a pris de l’embonpoint, il a tellement bourlingué que ses cheveux en sont devenus tout gris. Il a aussi une étrange balafre sur son sein gauche…

Les cheveux au vent, il se tient sur le bateau qui le ramène en France avec son fidèle compagnon, qui a été constamment à ses côtés durant les bons et mauvais moments, durant 30 ans. Mais bon, pas de sensiblerie, c’est bon pour les femmes et les enfants, le marquis sort discrètement son poignard effilé et l’enfonce dans le cœur de son ami, puis il soulève le cadavre et le jette dans l’océan. Un de moins, pensa le marquis.

Je suis désolé, mon vieux, tu représentais un trop grand risque, murmura le marquis en guise d’oraison funèbre…

 

Le marquis n’est pas le seul à revenir en Vendée pour régler des comptes, un autre, le jeune capitaine Fouildrit aussi. Il est accompagné de son aide de camp Gomêche.

Le capitaine n’avait pas encore atteint la trentaine. Les peintres d’église des temps jadis l’auraient volontiers recruté comme modèle pour leurs madones tant sa beauté avait quelque chose d’angélique. Sa voix au timbre efféminé aurait plus dans tous ces salons secrets où se pressaient les bougres en mal d’hédonisme.

L’autre soldat, qui répondait au nom de Gomêche, paraissait bien plus âgé, mais les rides qui tailladaient son front et ses joues s’étaient davantage creusées par l’effet du vent, du soleil ou des frimas de sa vie militaire que par le poids des années passées.

Gomêche n’avait ni patrie, ni domicile, ni famille. À dix-sept ans, quand il s’était engagé dans l’armée portugaise, Pedro Alvaro Gomes Pinheiro ne connaissait de son pays que les rues pouilleuses et malfamées du quartier de l’Alfama à Lisbonne et ce qu’en disaient les vieux marins dans les bouges de la Ville Basse près du Tage. Des horizons lointains, des caravelles en partance pour les Moluques ou les Quarantièmes rugissants. Des rêves d’une époque disparue à jamais. Il alla de garnisons en citadelles, dans l’arrière-pays, se soumettant aux ordres secs de ses capitaines, aux quolibets et aux vexations des officiers, de jeunes cadets de bonne lignée. Un jour, à la caserne, parvinrent des rumeurs étouffées et probablement quelque peu déformées : là-bas, quelque part au-delà des montagnes, les pauvres du royaume de France avaient brûlé tous les châteaux, enfermé les seigneurs et coupé les têtes du roi et de la reine. Pedro Alvaro se mit alors à vouloir donner un sens à ces mots bizarres : liberté et égalité.

Le capitaine Fouildrit et Gomêche arrivaient à Vouvant. La haute muraille de pierre qui entourait l’antique cité protégeait toujours la ville d’un féroce ennemi qui n’existait plus que dans les histoires. Située trop à l’écart des nouvelles routes qui sillonnaient le pays, Vouvant semblait endormie, frileuse, lourde de son passé médiéval et légendaire. Le haut donjon qui s’élançait dans le ciel ne servait plus guère que de nichoir pour les corneilles ou quelques chats-huants. Mélusine, dit-on, l’avait construit en une seule nuit, transportant dans sa dorne les pierres qu’elle avait récupérées on ne sait où. Pauvre fée qui, chaque samedi, devait se transformer en monstre, mi-femme mi-serpent à écailles, que son époux ne devrait jamais contempler. Étrange fée qui n’avait trouvé comme plaisir que l’idée saugrenue de poser des tas de donjons là où il ne venait plus personne.

Tandis que les charbonniers, ces carbonari agissaient en secret. Comment faire pour infiltrer la société secrète ?

Simon Nourry occupait depuis plus de trois ans, les fonctions de juge d’instruction chargé des affaires criminelles au tribunal de Bourbon-Vendée, chef-lieu du département. Les plis détrempés de sa cape et les traces de boue, que le piétinement de son cheval avait projetées sur son visage juvénile, accentuaient cette apparence de mélancolie et de mal de vivre qu’on lui connaissait. Mais un observateur particulièrement attentif aurait d’abord remarqué, au fond de son regard, cet étranger éclat que l’on rencontre d’habitude chez le chasseur, marque d’une intense excitation à l’approche d’un nouveau gibier à poursuivre.

À ses côtés, Jean-Jeanneau, caporal-chef dans le corps des gendarmes à cheval, avait été nommé comme agent supplétif au tribunal d’instance, à cause du manque crucial de personnel disaient certains, pour ses évidentes qualités de perspicacité et de débrouillardise, affirmaient les autres.

Un homme, un vagabond, semblait-il, avait été poignardé dans la forêt. Le procureur Charles-Henri Auzanneau avait ordonné au juge Nourry de mener l’enquête et de trouver le coupable.

 

Vous devriez être plus prudent dans vos relations. Monsieur Nourry. Vos rencontres épisodiques avec une tenancière de bordel, la belle Daphné, sont particulièrement imprudentes. Surtout pas les temps qui courent.

Le jeune magistrat en était parfaitement conscient, mais son univers sentimental était comme l’océan lors des grandes marées quand il disparaît à l’horizon ne révélant que des étendues vides et caillouteuses. Daphné n’était là que pour combler ce vide. De douces caresses, l’espace d’un instant, la chaleur d’une femme, une jouissance fugace et réconfortante.

Les deux enquêteurs du tribunal n’eurent guère le temps d’admirer les magnifiques bas-reliefs du portail d’entrée de l’église. Ils suivirent Jean-Baptiste Poussard, juge de paix dans la commune de Vouvant, qui traversa la nef à grandes enjambées et s’enfonça littéralement dans le mur. Un étroit passage, caché dans la pierre et quasiment invisible, conduisait à une crypte.

Voilà le corps de Barnabé, Monsieur Nourry. Nous l’avons gardé au frais, ici, juste pour que vous puissiez l’examiner, dit le juge de paix.

Le cadavre fut examiné.

 

De son côté, Héloïse, qui allait jouer un rôle déterminant dans l’affaire, essayait de faire oublier ses activités ambiguës à la cour de Napoléon.

Il y avait aussi l’intervention de ce maître d’armes… Fallait-il accorder du crédit à ceux qui dénonçaient un sous-lieutenant dans la cavalerie ? Écarter le notaire de Parthenay ?

Et le juge Nourry et son caporal-chef repartirent. Le crépuscule commençait à envelopper de ses ombres inquiétantes les grands arbres de la forêt, quand Simon Nourry aperçut un gros caillou reposant sur des feuillages à proximité de l’endroit où Barnabé avait été poignardé. Un caillou étrange. Le juge s’en empara et l’observa attentivement. Il cassa la coque en deux et en sortit l’ammonite, comme on extrait une châtaigne de sa bogue.

La pierre avait été sculptée et formait des volutes en spirales, un peu comme une corne qui s’enroulerait sur elle-même.

Une corne de pierre… Une corne d’Ammon.

 

Puis les crimes vont se multiplier.

Qui tuait ? Caïn et Abel vivent-ils en Vendée ?…

À la fin, le juge Nourry trouvera des coupables qu’il n’attendait pas.

Une intrigue palpitante sur fond de guerres de Vendée.

 

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