Les cornes de pierre – une nouvelle enquête du juge Nourry

Le roman Les cornes de pierre de Jean-Paul Grellier est au cœur de l’enquête. Dans ce roman, une nouvelle fois, le juge Simon Nourry est envoyé à Fontenay-le-Comte, en Vendée pour élucider une affaire qui va générer de nombreux rebondissements.

Durant l’enquête, un procureur tremblera derrière son magnifique bureau Louis XV.

Nous sommes en 1817, dans un bateau qui approche de la Vendée, le marquis Maximilien de Salenceau rentre au pays, après un exil au Canada, où il s’est fait oublier. Étrange homme, il y a une trentaine d’années, il a été condamné à mort par contumace. Plutôt que de se retrouver au bagne pour ses crimes, il s’est enfui avant son procès et a filé au Québec, là où personne ne le connaissait sous son vrai jour.

Pourquoi, déjà, les magistrats rêvaient-ils de le pendre ? Dans la paisible bourgade de Fontenay-le-Comte, plus personne ne s’en souvient. Mais le marquis, lui, n’a pas oublié, loin de là. Il revient pour se venger et récupérer et son titre, et son château et ses terres vendéennes.

Mais qui donc les occupe à présent ?

Le marquis, aujourd’hui, a pris de l’embonpoint, il a tellement bourlingué que ses cheveux en sont devenus tout gris. Il a aussi une étrange balafre sur son sein gauche…

Les cheveux au vent, il se tient sur le bateau qui le ramène en France avec son fidèle compagnon, qui a été constamment à ses côtés durant les bons et mauvais moments, durant 30 ans. Mais bon, pas de sensiblerie, c’est bon pour les femmes et les enfants, le marquis sort discrètement son poignard effilé et l’enfonce dans le cœur de son ami, puis il soulève le cadavre et le jette dans l’océan. Un de moins, pensa le marquis.

Je suis désolé, mon vieux, tu représentais un trop grand risque, murmura le marquis en guise d’oraison funèbre…

 

Le marquis n’est pas le seul à revenir en Vendée pour régler des comptes, un autre, le jeune capitaine Fouildrit aussi. Il est accompagné de son aide de camp Gomêche.

Le capitaine n’avait pas encore atteint la trentaine. Les peintres d’église des temps jadis l’auraient volontiers recruté comme modèle pour leurs madones tant sa beauté avait quelque chose d’angélique. Sa voix au timbre efféminé aurait plus dans tous ces salons secrets où se pressaient les bougres en mal d’hédonisme.

L’autre soldat, qui répondait au nom de Gomêche, paraissait bien plus âgé, mais les rides qui tailladaient son front et ses joues s’étaient davantage creusées par l’effet du vent, du soleil ou des frimas de sa vie militaire que par le poids des années passées.

Gomêche n’avait ni patrie, ni domicile, ni famille. À dix-sept ans, quand il s’était engagé dans l’armée portugaise, Pedro Alvaro Gomes Pinheiro ne connaissait de son pays que les rues pouilleuses et malfamées du quartier de l’Alfama à Lisbonne et ce qu’en disaient les vieux marins dans les bouges de la Ville Basse près du Tage. Des horizons lointains, des caravelles en partance pour les Moluques ou les Quarantièmes rugissants. Des rêves d’une époque disparue à jamais. Il alla de garnisons en citadelles, dans l’arrière-pays, se soumettant aux ordres secs de ses capitaines, aux quolibets et aux vexations des officiers, de jeunes cadets de bonne lignée. Un jour, à la caserne, parvinrent des rumeurs étouffées et probablement quelque peu déformées : là-bas, quelque part au-delà des montagnes, les pauvres du royaume de France avaient brûlé tous les châteaux, enfermé les seigneurs et coupé les têtes du roi et de la reine. Pedro Alvaro se mit alors à vouloir donner un sens à ces mots bizarres : liberté et égalité.

Le capitaine Fouildrit et Gomêche arrivaient à Vouvant. La haute muraille de pierre qui entourait l’antique cité protégeait toujours la ville d’un féroce ennemi qui n’existait plus que dans les histoires. Située trop à l’écart des nouvelles routes qui sillonnaient le pays, Vouvant semblait endormie, frileuse, lourde de son passé médiéval et légendaire. Le haut donjon qui s’élançait dans le ciel ne servait plus guère que de nichoir pour les corneilles ou quelques chats-huants. Mélusine, dit-on, l’avait construit en une seule nuit, transportant dans sa dorne les pierres qu’elle avait récupérées on ne sait où. Pauvre fée qui, chaque samedi, devait se transformer en monstre, mi-femme mi-serpent à écailles, que son époux ne devrait jamais contempler. Étrange fée qui n’avait trouvé comme plaisir que l’idée saugrenue de poser des tas de donjons là où il ne venait plus personne.

Tandis que les charbonniers, ces carbonari agissaient en secret. Comment faire pour infiltrer la société secrète ?

Simon Nourry occupait depuis plus de trois ans, les fonctions de juge d’instruction chargé des affaires criminelles au tribunal de Bourbon-Vendée, chef-lieu du département. Les plis détrempés de sa cape et les traces de boue, que le piétinement de son cheval avait projetées sur son visage juvénile, accentuaient cette apparence de mélancolie et de mal de vivre qu’on lui connaissait. Mais un observateur particulièrement attentif aurait d’abord remarqué, au fond de son regard, cet étranger éclat que l’on rencontre d’habitude chez le chasseur, marque d’une intense excitation à l’approche d’un nouveau gibier à poursuivre.

À ses côtés, Jean-Jeanneau, caporal-chef dans le corps des gendarmes à cheval, avait été nommé comme agent supplétif au tribunal d’instance, à cause du manque crucial de personnel disaient certains, pour ses évidentes qualités de perspicacité et de débrouillardise, affirmaient les autres.

Un homme, un vagabond, semblait-il, avait été poignardé dans la forêt. Le procureur Charles-Henri Auzanneau avait ordonné au juge Nourry de mener l’enquête et de trouver le coupable.

 

Vous devriez être plus prudent dans vos relations. Monsieur Nourry. Vos rencontres épisodiques avec une tenancière de bordel, la belle Daphné, sont particulièrement imprudentes. Surtout pas les temps qui courent.

Le jeune magistrat en était parfaitement conscient, mais son univers sentimental était comme l’océan lors des grandes marées quand il disparaît à l’horizon ne révélant que des étendues vides et caillouteuses. Daphné n’était là que pour combler ce vide. De douces caresses, l’espace d’un instant, la chaleur d’une femme, une jouissance fugace et réconfortante.

Les deux enquêteurs du tribunal n’eurent guère le temps d’admirer les magnifiques bas-reliefs du portail d’entrée de l’église. Ils suivirent Jean-Baptiste Poussard, juge de paix dans la commune de Vouvant, qui traversa la nef à grandes enjambées et s’enfonça littéralement dans le mur. Un étroit passage, caché dans la pierre et quasiment invisible, conduisait à une crypte.

Voilà le corps de Barnabé, Monsieur Nourry. Nous l’avons gardé au frais, ici, juste pour que vous puissiez l’examiner, dit le juge de paix.

Le cadavre fut examiné.

 

De son côté, Héloïse, qui allait jouer un rôle déterminant dans l’affaire, essayait de faire oublier ses activités ambiguës à la cour de Napoléon.

Il y avait aussi l’intervention de ce maître d’armes… Fallait-il accorder du crédit à ceux qui dénonçaient un sous-lieutenant dans la cavalerie ? Écarter le notaire de Parthenay ?

Et le juge Nourry et son caporal-chef repartirent. Le crépuscule commençait à envelopper de ses ombres inquiétantes les grands arbres de la forêt, quand Simon Nourry aperçut un gros caillou reposant sur des feuillages à proximité de l’endroit où Barnabé avait été poignardé. Un caillou étrange. Le juge s’en empara et l’observa attentivement. Il cassa la coque en deux et en sortit l’ammonite, comme on extrait une châtaigne de sa bogue.

La pierre avait été sculptée et formait des volutes en spirales, un peu comme une corne qui s’enroulerait sur elle-même.

Une corne de pierre… Une corne d’Ammon.

 

Puis les crimes vont se multiplier.

Qui tuait ? Caïn et Abel vivent-ils en Vendée ?…

À la fin, le juge Nourry trouvera des coupables qu’il n’attendait pas.

Une intrigue palpitante sur fond de guerres de Vendée.

 

Livre de 524 pages.

Livre électronique à 4,99 € disponible chez 3E éditions.

Livre broché à 16 € disponible chez Amazon.

La serpe du Maudit

La serpe du Maudit

Le roman de Pierre Rivière

La serpe du Maudit, publié chez 3E éditions, au prix de 4,99 euros en e-book.

En 1815, depuis la chute de Napoléon, la France se cherchait, c’était la Restauration. Certes les grandes puissances européennes occupaient la majorité du pays, mais les troupes restées fidèles à Napoléon avaient bien résisté. Lyon, Metz, Laon, Longwy, Sarrelouis s’étaient battues jusqu’au bout… La résistance avait néanmoins peu à peu disparu et les troupes étrangères pillaient allègrement villes et villages.

Les régions sous la coupe des Prussiens, comme la majeure partie de la Normandie, en souffraient le plus. Là où les Anglais, les Russes et les Autrichiens étaient, le peuple vivait mieux l’occupation. De l’avis général, moins d’exactions s’y commettaient.

Les préfets ne se laissaient pas toujours faire, mais ceux qui s’opposaient aux Prussiens étaient déportés ; ainsi maires, préfets et sous-préfets soucieux de leurs concitoyens furent envoyés dans les camps de déportation de Juliers et de Magdebourg. On comptait parmi eux des hommes en vue, comme Jules Pasquier, préfet de la Sarthe, frère du ministre de la Justice. Le préfet du Loiret lui aussi, Alexandre de Talleyrand, bien que cousin du président du Conseil sera déporté.

De nouveaux préfets furent nommés. Le pouvoir fit des efforts pour trouver des modérés. Mais le peuple, que l’occupation étrangère affamait, ne supportait plus rien. Frédéric d’Houdetot, à Caen, faillit être lynché par une population excédée qui ne jurait que par le duc d’Aumont, royaliste pur et dur. Un peu partout des faits semblables se produisirent, Stanislas de Girardin fut pris à partie simplement parce qu’il avait été préfet de Napoléon durant les Cent jours.

Avec les élections nationales, les notables du pays envoyèrent des députés ultraroyalistes à la Chambre. Au sud de la France, la société secrète royaliste, les Chevaliers de la Foi, se développait. Les journaux royalistes comme La Quotidienne réclamaient la confiscation de tous les biens des bonapartistes, ainsi que ceux des républicains, accusés d’avoir voté la mort de Louis XVI. Les bonapartistes, comme les républicains, se gardaient de parler à voix haute, les ultras tenant le haut du pavé.

Le ministère Talleyrand-Fouché, centriste, tenait pourtant bon.

C’est dans ce contexte difficile, que s’ouvrit la conférence pour la paix en juillet, où les occupants débattirent du meilleur moyen de dépecer la France. C’est tout naturellement qu’Hardenberg, le Prussien, demanda Lille, Metz, Dunkerque, Mulhouse, Strasbourg, Belfort… Par chance, le tsar entendait garder une France forte. La Russie l’emporta. Les propositions étrangères devinrent plus raisonnables, mais néanmoins terribles. Outre l’occupation du nord et de l’est de la France durant cinq ans, Sarrelouis, Landau et Sarrebourg, places fortes, ne seraient plus françaises et la France devrait verser huit cents millions aux vainqueurs !

C’était tellement que Talleyrand démissionna.

Richelieu le remplaça.

Le traité sera signé le 20 septembre 1815 et ce jour-là, le duc de Richelieu pleura…

Maintenant les hommes qui dirigeaient le pays, Richelieu, petit-fils du maréchal, et Decazes redoutaient leur Chambre, tellement ultra qu’elle n’avait qu’une idée : passer par les armes tous les anciens bonapartistes, ainsi que les républicains s’il en restait.

Les ultraroyalistes aux rênes du pays, l’opposition républicaine n’avait plus comme alternative que la clandestinité. Face à la répression, une France souterraine va se construire et se mettre à comploter.

C’est le XIXe siècle, le développement des sociétés secrètes est impressionnant. Les Chevaliers de la Foi, la société des Francs régénérés, les Bandouliers et la Charbonnerie étaient les plus puissantes d’entre elles. Elles avaient des ramifications dans la France entière. La royauté ne savait plus où donner de la tête.

La Normandie, en particulier, voit les prêcheurs des Chevaliers de la Foi essayer de ramener les brebis égarées dans le giron de l’Église, tandis que la Charbonnerie fait son possible pour faire contrepoids.

Les armées étrangères quittent la Normandie, mais la laissent dévastée. Les Normands sont affamés.

C’est dans ce contexte national de turbulences que Pierre Rivière vient au monde. Son père va de ferme en ferme pour se louer. Il finit à force de dur labeur par avoir lui aussi une maison. Hélas, il a une épouse épouvantable, dépensière, elle fait des dettes dans tous les magasins de Caen, où le père de Pierre passe ensuite pour rembourser ses folies. Tout ce qu’il gagne y passe.

La mère de Pierre, femme fragile psychologiquement, n’aime pas son mari, elle fait pourtant des bébés, car elle aime la maternité. En fait, elle aime surtout être enceinte. Son fils Pierre ne l’intéresse pas, pire, elle le déteste.

De son côté, l’enfant, puis l’adolescent assiste impuissant au calvaire de son père, tant la mésentente conjugale est totale.

Sa mère passe son temps à aller pleurer auprès du juge de paix, sensible à cette petite femme qui a l’air honnête. Elle calomnie son époux, mais le juge n’y voit que du feu. Tout le village, en revanche, est du côté du père de Pierre, une pétition est signée pour lui venir en aide, avec le maire de la commune en tête.

Finalement, la mère de Pierre décide de mettre carrément son mari à la porte. Elle le renvoie chez sa mère. Elle en profite pour chasser aussi Pierre et le plus jeune de ses fils. Les enfants sont privés d’amour maternel.

Pourtant Pierre aime sa mère, il voudrait que ses parents se réconcilient, il voudrait tant que sa mère l’aime. Maintes fois Pierre va frapper à sa porte, quêtant un peu d’affection. À chaque fois, elle le repousse et le chasse à coups de bâtons. Le désespoir gagne Pierre. La maladie mentale le gagne, il commence à envisager le meurtre de sa mère.

Elle, elle continue ses achats compulsifs dans les magasins de Caen en disant : « Mon mari viendra payer. » De fait, pour ne pas être déshonoré, il passe derrière elle pour éponger ses dettes… Il paie comme le lui a ordonné le juge de paix.

Pendant ce temps, le peuple chante les chansons de Béranger.

À cette époque où les chansons de Béranger dérangeaient tellement que régulièrement il passait en procès et finissait en prison aux motifs qu’il avait outragé les bonnes mœurs, la morale religieuse et le roi, les charbonniers parisiens se réunissaient à la nuit tombée à la bibliothèque de l’Arsenal, avec le conservateur Charles Nodier et le député de Vendée Jacques Manuel.

En Normandie comme dans toute la France, les textes satiriques de Béranger connaissaient un immense succès. Ils gagnaient les provinces les plus reculées et tout le monde les reprenait en chœur en se moquant des puissants.

Béranger était aimé dans la Charbonnerie qui se multipliait dans des groupes appelés ventes.

Pierre, lui, apprend la Bible, grâce à son maître d’école. Il récite : Rends-moi justice, Éternel, car je marche dans l’intégrité. Sonde-moi, Éternel, prouve-moi, fais passer au creuset mes reins et mon cœur… Je hais l’assemblée de ceux qui font le mal, je ne m’assieds pas avec les méchants. Je lave mes mains dans l’innocence.

Pierre va se reconnaître dans le Dieu de Justice, cette justice que ni lui ni son père ne connaissent. Il demande à Dieu d’armer son bras.

Plus il lit la Bible, plus il se dit que Dieu l’a choisi pour venger son père et rétablir la justice dans sa famille. Il faut faire disparaître le monstre qu’est sa mère. C’est ça la justice. Puisque personne ne leur vient en aide, il va être le bras de l’Éternel.

Sa sœur prend parti pour sa mère, alors, comme elle, elle doit disparaître.

Pierre et son père vivent avec le petit frère de Pierre, dont la mère ne veut plus non plus. Son père et lui adorent l’enfant. Aux yeux de Pierre Rivière, dont la santé mentale a déjà chaviré, lui aussi doit disparaître, il sera l’agneau sacrifié.

Et dans le mémoire passionnant qu’il rédigera en prison, il expliquera ce fratricide ainsi : j’allais commettre le crime de parricide contre ma mère et tuer ma sœur, je serai donc guillotiné. Il fallait que mon père n’en souffre pas. Il fallait donc qu’il me déteste. En tuant mon petit frère qu’il aime par-dessus tout, j’étais sûr qu’il me détesterait.

Et le justicier Pierre Rivière va agir de manière sanglante. Parricide, fratricide, matricide… Après, pris de remords il errera à travers la campagne. Il finira par être arrêté.

Il sera jugé. Au juge, il dira : « Oui, Monsieur, une heure après mon crime, ma conscience me disait que j’avais mal agi et j’aurais pas recommencé ».

Une phrase terrible qui le fera juger responsable, malgré les nombreux témoignages qui viendront expliquer que Pierre Rivière était fou. Schizophrène.

Au procès d’assises, le 12 novembre 1835, les jurés condamnèrent Pierre Rivière à la peine de mort.

Le pourvoi en cassation fut rejeté le 15 janvier 1836.

Mais, curieusement, à peine avaient-ils décidé que Pierre Rivière méritait d’être exécuté, que dix des jurés se ravisaient et déposaient un recours en grâce auprès du roi.

Le roi accorda sa grâce le 10 février. La peine fut commuée en réclusion perpétuelle.

L’incarcération aggrava sa folie. Il se croyait mort.

Finalement, il se suicidera en prison.

En ce temps-là, on ne connaissait pas la schizophrénie. On ne concevait pas qu’un malade mental puisse être intelligent, qu’un malade mental puisse avoir des moments de lucidité.

La serpe du Maudit, publié chez 3E éditions, au prix de 4,99 euros en e-book.

Ils sont venus pour nous : Olga Bancic et Joseph Boczov

Ils sont venus pour nous, Olga Bancic, Joseph Boczov

Ils sont venus pour nous, publié chez 3E éditions, au prix de 4,99 euros en e-book.

En Roumanie, après la Première Guerre mondiale

Avec la montée d’Hitler en Allemagne les pays voisins sont percutés de plein fouet, la Roumanie n’y échappe pas. Le pays est en plein essor économique pour se reconstruire après les ravages de la Première Guerre mondiale.

Dans le pays, c’est un roi qui dirige.

Deux grands courants politiques vont se côtoyer et s’affronter.

L’avocat Corneliu Zelea Codreanu va faire parler de lui. Durant la guerre de 14, il est jeune, mais, à 17 ans, il se porte volontaire pour défendre la patrie en danger. Plus tard, il dira qu’il a été subjugué par ses supérieurs qui, au front, lui inculqueront l’amour de la patrie et le sens du sacrifice. Très vite, il est gagné par les idées d’extrême-droite.

Parallèlement, les ouvriers s’organisent. La Russie est de l’autre côté de la frontière, les idées révolutionnaires font leur chemin dans le monde ouvrier. Olga Bancic, petite ouvrière de 13 ans dans une fabrique de gants, va être touchée. Syndicaliste active, elle se bat pour améliorer les conditions catastrophiques du peuple.

Ana Pauker

Pendant ce temps, Joseph Boczov est lycéen ; mais les idées révolutionnaires atteignent jusqu’à ses enseignants, son professeur d’Histoire en particulier ne cache pas sa sympathie pour le parti bolchevique qui a pris le pouvoir et édifie l’URSS. Joseph Boczov est un adolescent bouillonnant, il va rejoindre le microparti communiste roumain et il va y rencontrer un leader qui marquera l’Histoire, Ana Pauker, qui le fascinera pour toute sa vie. Quand il combattra en Espagne contre Franco, il donnera le nom d’Ana Pauker à son bataillon. Et quand elle lui demandera de devenir paysan pour prêcher dans les campagnes, il répondra oui. Il répondra encore oui, quand elle l’obligera à épouser une ouvrière inconnue pour faire de l’agit-prop dans une des plus grosses usines roumaines.

Le traité de Saint-Germain, signé le 10 décembre 1919, avait exigé de la Roumanie l’émancipation des Juifs. Un ancien préfet résumait assez la pensée d’une partie de la population en déclarant : « Le traité nous agenouille devant les djidani », mot péjoratif pour désigner les Juifs. Progressivement les dirigeants du pays y firent accroc sur accroc.

La montée du fascisme en Roumanie

Cela commença par une propagande, dénonçant tous les Juifs comme étant des agents bolcheviques, organisée par le général Arthur Vaitoianu. De grandes affiches, intitulées : « Les bêtes rouges » furent placardées un peu partout par la police, montrant bien qu’il ne s’agissait pas d’une initiative isolée, mais venant directement du sommet de l’État. Bien entendu, cela entraîna les réactions escomptées, des Juifs furent pris à partie. On les persécuta dans les trains, dans les lieux publics… À Léova, on arrêta tous les Juifs. On les accusa d’avoir insulté l’armée et l’État, ils furent emprisonnés, on finit par les libérer, mais après maints palabres.

L’antisémitisme gagnait le pays tout entier, à tous les échelons, on accusait les Juifs d’être des communistes et de vouloir détruire la royauté. Sur ce terreau, les nationalistes s’organisaient.

Dans le programme du Parti national démocrate, qui claironnait son antisémitisme, on pouvait lire, article 45 : « Il faut résoudre le problème juif :

  • Par l’élimination des juifs qui permettra le développement des forces productives des Roumains, et
  • par la protection des entreprises de ces derniers. »

Dans la même période, une roumanisation intensive fut déclenchée : le Dr Anghelescu, ministre de l’Instruction publique, estimant qu’il y avait trop d’écoles juives, commença par les mettre au pas, avec l’idée bien arrêtée de les faire disparaître. Le tout jeune lycée juif de Chisinau notamment fut fermé.

Le collège de Cluj-Napoca accueillait des étudiants, même des Juifs, dont Ferenz Wolf. La ville va être le terrain d’une montée d’antisémitisme d’une rare violence. L’imprimerie d’un journal sera détruite. Les insurgés s’en prendront aux lycéens juifs. Ferenz Wolf se battra, il sera ramené chez lui entre deux gendarmes, au grand désarroi de son père, qui était très fier de sa respectabilité et qui ne le lui pardonnera pas.

Le leader antisémite Corneliu Zelea Codreanu

L’avocat Corneliu Zelea Codreanu tenait une tribune dans le grand amphi à l’école de Pharmacie, avec ses compagnons. Derrière eux, lors des meetings, ils avaient placé un drapeau géant aux couleurs de la Roumanie, avec en plus au milieu la svastika : croix gammée symbole de l’antisémitisme, dont ils étaient fiers. À chaque fois qu’ils se produisaient, l’amphi était plein… Dans quelques années, plusieurs d’entre eux accéderont au pouvoir.

Pour les nationalistes, il n’était pas question d’assimiler les Juifs au reste de la population. Un Juif épousant une chrétienne leur paraissait comme le pire des crimes. Le Pr Cuza était pris d’une véritable frénésie antisémite. En tribune, il criait aux Juifs : « Partez du pays tant qu’il est encore temps pour que vous ne vous noyiez pas dans votre sang. Avant ma mort, je veux voir le sang des Juifs mêlé à la boue ».

Son disciple et ami Corneliu Zelea Codreanu passa à l’acte sans tarder, comme il le raconta plus tard dans ses mémoires.

« Il nous fallait frapper les rabbins ; si nous avions eu les moyens, nous les aurions visés tous, mais nous étions peu nombreux et nous décidâmes de nous attaquer qu’aux grands rabbins de Bucarest. Nous fîmes ensuite notre choix parmi les banquiers : Aristide et Mauritiu Blank, qui ont corrompu tous les partis et tous les hommes politiques roumains… Nous passâmes ensuite aux Juifs dans la presse : les plus insolents, les empoisonneurs d’âme. Nous désignâmes parmi eux : Rosenthal, Filderman, Honigman… Nous partîmes par groupes pour Bucarest… »

Corneliu Zelea Codreanu à Strasbourg

Corneliu Zelea Codreanu vint à Strasbourg pour poursuivre ses études. Voici ce qu’il écrivit :

« Ce qui m’impressionna par-dessus tout, ce fut de voir cette ville, contrairement à ce que j’attendais, infestée de juifs… En descendant du train, je croyais rencontrer le type de la race gauloise qui a marqué par sa bravoure sans égale les siècles de l’Histoire. Je n’apercevais au contraire que des visages crochus et avides de juifs qui me tiraient par la manche pour me faire entrer dans leurs boutiques ou dans leurs restaurants. La majorité des restaurants de la rue de la gare étaient juifs. En France, où les juifs passent pour assimilés, tous ces restaurants, comme chez nous, ne servaient que de la cuisine Cacher. J’allais de restaurant en restaurant pour tâcher d’en trouver un qui fût chrétien. Mais à la devanture de chacun d’eux, je voyais écrit en yiddish : « Restaurant Cacher ». Nous eûmes beaucoup de peine à dénicher un établissement français, pour y prendre notre repas… Entre les juifs de Târgul Coucouli et ceux de Strasbourg, je ne voyais aucune différence. C’était la même figure, le même jargon, les mêmes manières, les mêmes yeux sataniques où l’on devine, derrière l’obséquiosité de façade, une âpre envie de voler. »

Deux de l’Affiche rouge

Avec la montée du fascisme en Roumanie, Olga Bancic et Joseph Boczov préférèrent quitter la Roumanie, avec leurs camarades, Joseph Epstein, Mihaly Patriciu, Andrei Dragos Sas, et tant d’autres. La majorité d’entre eux se dirigèrent vers l’Espagne pour rejoindre les républicains espagnols en lutte contre les franquistes.

Franco prenant le dessus, les brigades internationales furent dissoutes. Les révolutionnaires roumains durent quitter l’Espagne.

Que leur arriva-t-il au camp d’Argelès-sur-Mer ?

Dans quels réseaux entrèrent-ils dans la Résistance ?

Quels furent leurs faits d’armes ?

Que devinrent-ils ?

Que devint la Roumanie ? Qui y accéda au pouvoir ?

Toutes les lettres d’adieu des 23 résistants sont dans le roman, celles qu’ils ont écrites avant d’être assassinés par les nazis, dont celle d’Olga Bancic que voici :

« Ma chère petite fille, mon cher petit amour,

Ta mère écrit la dernière lettre, ma chère petite, demain à 6 heures, le 10 mai, je ne serai plus.

Mon amour, ne pleure pas, ta mère ne pleure pas non plus. Je meurs avec la conscience tranquille et avec la conviction que demain tu auras une vie et un avenir plus heureux que ta mère. Tu n’auras plus à souffrir.

Sois fière de ta mère, mon petit amour.

J’ai toujours ton image devant moi.

Je veux croire que tu reverras ton père, j’ai l’espérance que lui aura un autre sort. Dis-lui que j’ai toujours pensé à lui comme à toi. Je vous aime de tout mon cœur. Tous les deux vous m’êtes chers. Ma chère enfant, ton père est, pour toi, une mère aussi. Il t’aime beaucoup.

Tu ne sentiras pas le manque de ta mère.

Mon cher enfant, je finis ma lettre avec l’espérance que tu seras heureuse pour toute ta vie avec ton père, avec tout le monde. Je vous embrasse de tout mon cœur, beaucoup, beaucoup.

Adieu mon amour.

Ta mère. »

 

Le lendemain, les Allemands la décapitèrent à la hache à Stuttgart.

 

Ils sont venus pour nous, publié chez 3E éditions, au prix de 4,99 euros en e-book.

 

 

Si ce sont des hommes…

Médecins de la mort au Struthof

de Serge Janouin-Benanti

Si ce sont des hommes
3,99 € en e-book, chez 3E éditions

Le Struthof

Le Natzweiler-Struthof, nom méconnu, nom redoutable, celui du camp de concentration alsacien, où les nazis exterminèrent des milliers d’innocents.

Conformément à des plans bien préparés, les mesures hitlériennes s’appliquèrent rapidement quand l’armée allemande occupa l’Alsace-Lorraine… Avec la complicité des nazis alsaciens-lorrains, le camp de concentration de Natzweiler-Struthof fut ouvert. Des scientifiques nazis, comme Eugen Haagen, Otto Bickenbach et August Hirt y commencèrent leurs criminelles expérimentations sur les détenus.

Heinrich Himmler se vantait qu’au camp de Natzweiler-Struthof on entrait dans le silence et après on disparaissait. Personne pour se plaindre, personne pour réclamer… Nuit et Brouillard.

Plus tard, dans son ordonnance du 7 décembre 1941, le maréchal allemand, Keitel, expliquait : « On ne peut obtenir un effet d’intimidation véritablement efficace et durable qu’en appliquant la peine de mort ou en employant des mesures telles que ni ses parents ni la population ne connaissent le sort du criminel. »

Nuit et brouillard, Nacht und Nebel, nom de code pour l’opération de suppression des opposants en pays occupés… C’est ainsi que disparurent des milliers de personnes, venues de tous horizons, des Juifs, des Tziganes, des politiques, des syndicalistes, des homosexuels…

Le Pr August Hirt et sa collection de crânes

Auprès du professeur émérite August Hirt, enseignant à l’Université de Strasbourg, les idées du Führer faisaient leur chemin. Hirt était capitaine dans la SS, c’était un ami d’Heinrich Himmler qu’il avait maintes fois rencontré. Hitler voulait la disparition des Juifs de la surface de la Terre, August Hirt approuvait. Comme disait le cher professeur, « Pour sauver un Allemand, je suis prêt à sacrifier un millier de sous-hommes ». Bien sûr, il applaudit les décisions de la conférence de Wannsee du 20 janvier 1942, où les dignitaires nazis officialisèrent la solution finale : l’élimination de tous les Juifs présents sur le Grand Reich. Le professeur Hirt s’indignait de ne pas avoir de crânes juifs, dans son musée, alors que, disait-il, il regorgeait de crânes de singes, de sauvages des cinq continents, de nègres, d’Arabes, de Chinois, de Japonais… Aurait-il assez de temps pour en avoir ?… Le Reichsführer-SS lui avait parlé d’une capacité d’extermination d’un million et demi de personnes par an à Auschwitz. S’il y avait dix camps comme celui-là, en moins d’un an il était possible de faire disparaître tous les Juifs. Heinrich Himmler venait de lui laisser entendre que l’extermination industrielle était en place depuis près d’un an ; peut-être qu’il ne restait déjà plus que quelques Juifs ? Probablement aussi que les plus beaux spécimens étaient déjà réduits en cendres. Fort de tout cela, le Pr Hirt se dit qu’il devenait urgent de faire son marché.

À cette fin, le bon professeur envoya l’anthropologue et capitaine SS Bruno Beger au camp d’extermination d’Auschwitz, muni d’une lettre de recommandation d’Adolf Eichmann, le lieutenant-colonel des SS responsable des Affaires juives.

Le commandant d’Auschwitz, Rudolf Höss, présenta à Beger le fonctionnement du camp : « Une fois la sélection faite par les médecins SS, les détenus valides sont emmenés vers les baraquements et sont affectés au travail. Les autres, ceux qui subissent le traitement spécial, sont dirigés vers une chambre à gaz. J’en ai quatre qui fonctionnent actuellement… Au début du camp, on exécutait les détenus d’une balle dans la tête. Ça prenait un temps fou pour tuer quelques centaines de personnes et je ne vous parle pas du coût des munitions ! Après avoir inspecté le camp de Treblinka, j’ai copié leur système d’asphyxie par les gaz d’échappement. C’était plus économique, on pouvait gazer des dizaines de personnes à la fois, seulement ça prenait toujours autant de temps. J’ai bien essayé de raccourcir le délai, malheureusement la dose était insuffisante, beaucoup se réveillaient alors qu’on les enterrait. C’est moi et mon adjoint qui avons eu l’idée d’employer le pesticide qu’on utilisait pour le déverminage, le zyklon B. ; le produit s’est révélé d’une efficacité remarquable. Le Reichsführer-SS, qui a assisté à un gazage de Juifs hollandais en juillet 1942, a été très impressionné. Il m’a promu lieutenant-colonel-SS. »

Dans le camp d’Auschwitz, Bruno Beger sélectionna ses futures victimes, de vrais Juifs pour avoir de vrais crânes juifs pour la précieuse collection. Il ramena les futures victimes au camp de Natzweiler-Struthof…

L’aspirant au prix Nobel de médecine, le Pr Eugen Haagen

Le collègue du professeur Hirt, Eugen Haagen, était, lui aussi, un nazi convaincu. Il avait fait de la propagande pour Hitler à travers les USA. Le Pr Haagen était reconnu mondialement pour ses travaux sur les virus et la vaccination. À son retour d’Amérique, il avait adhéré au Parti nazi en 1937. Comme disait Heinrich Himmler, « C’est un Aryen de pure souche, il n’y a aucune contamination juive en lui depuis plus de trois générations ! On peut lui ouvrir les portes du Struthof ! »… Et on les lui ouvrit !

Pour ses expériences, le Pr Haagen voulait de préférence des Tziganes, « plus proches génétiquement des Aryens que le juif », disait-il. « Ce sont des morts en sursis, dont personne ne se souviendra… Une race de sous-hommes, moins subversive et dangereuse que le juif. » Il intervint auprès du commandant du camp d’Auschwitz. Le nouveau commandant, Liebehenschel accepta de lui en livrer une centaine, des Sinti et des Roms de nationalité allemande, polonaise, tchèque et hongroise, de sexe masculin, âgés de 11 à 64 ans. Le convoi quitta Auschwitz le 9 novembre 1943, et parvint à Natzweiler-Struthof le 12…

Les médecins nazis pouvaient faire leurs terrifiantes expériences, sans aucune pitié, jusqu’à ce que mort s’ensuive. L’impitoyable Josef Kramer, commandant du camp de Natzweiler-Struthof, leur facilitait la tâche.

La fin de Hirt et les arrestations de Bickenbach et Haagen

À la fin de la guerre, quand les alliés arrivèrent, les professeurs Eugen Haagen, August Hirt et Otto Bichenbach se sauvèrent de Strasbourg pour échapper à la justice.

Le Pr Eugen Haagen fut arrêté par les Américains en avril 1945. Les membres de l’opération Overcast s’intéressèrent à lui, il s’agissait de collecter les informations sur les armes nouvelles découvertes par les nazis. Son interrogatoire terminé, les Américains l’utilisèrent comme témoin à charge dans le procès de Nuremberg. En récompense de sa collaboration, oubliant qu’au nom de ses recherches il avait martyrisé et tué des humains, ils le libérèrent le 15 juin 1946. Les Anglais le rattrapèrent en janvier 1947 et le livrèrent aux autorités françaises qui l’emprisonnèrent.

Le Pr August Hirt, lui, se cacha. Il avait construit sa vie pour entendre des louanges, recevoir des honneurs, être respecté, considéré. N’était-il pas le doyen de la faculté de médecine de Strasbourg ? Le pionnier de la microscopie par fluorescence ? Il était le défenseur de la race, selon le Führer. Si lui était un homme bien, il fallait que les Juifs, les Tziganes et tous les autres prisonniers de Natzweiler-Struthof fussent des sous-hommes. Il fallait qu’ils s’apparentent aux singes… Son Führer avait perdu la guerre, c’était la fin, le monde s’écroulait, on allait retourner à la préhistoire. Il fallait s’en aller dignement… Et dans la forêt où il s’était réfugié, il se tira une balle dans la tête. C’était le samedi 2 juin 1945, il avait 47 ans et avait assassiné des centaines de pauvres hères, qui avaient eu le malheur de le croiser.

Si ce sont des hommes, vous êtes la pire des ordures, si ce sont des hommes, alors vous n’êtes pas un savant, vous êtes un assassin, juste un lâche assassin, Pr Hirt !

Les procès de Metz et Lyon

Après la guerre, le Pr Otto Bickenbach fut arrêté. Il passa en procès. C’est Me Floriot qui défendit ce criminel, en vantant toutes ses prétendues qualités et en oubliant ses crimes.

Les Professeurs Eugen Haagen et Otto Bickenbach furent jugés par le tribunal militaire de Metz en décembre 1952. Les deux se défaussèrent sur Heinrich Himmler, ils recevaient des ordres, ils n’avaient fait que les appliquer.

Le 24 décembre les condamnations tombèrent, avec circonstances atténuantes, non précisées, écartant la peine de mort. Le jugement fut cassé pour vice de forme par le tribunal militaire de Paris, un an plus tard, le 14 janvier 1954. Un second procès militaire s’ouvrit à Lyon en mai pour les deux médecins nazis.

Pour leur défense, ces criminels reçurent l’appui d’éminents personnages, dont celui du Pr Blanc, membre de l’Académie de médecine, directeur de l’Institut Pasteur de Casablanca.

Bien que reconnus coupables, Otto Bickenbach et Eugen Haagen virent leurs peines réduites à 20 ans de travaux forcés. Un an plus tard, ces peines furent abaissées à 10 ans et dans la foulée les deux furent amnistiés le 18 septembre 1955.

Les crimes de ces assassins ne donnèrent finalement qu’une peine bien légère au regard de leurs crimes.

Cela rappelait la phrase d’Hitler dans Mein Kampf :

« Le rôle du plus fort est de dominer et non point de se fondre avec le plus faible, en sacrifiant ainsi sa propre grandeur. Seul le faible de naissance peut trouver cette loi cruelle ».

Pauvres détenus du Struthof, ces braves médecins n’avaient fait que mettre en œuvre les thèses nazies : la destruction de vies dépourvues de valeurs, comme disait le médecin d’Hitler, le Dr Karl Brandt.

Un roman pédagogique et prenant qu’on lit d’une traite

Que s’est-il exactement passé au camp de Natzweiler-Struthof ? Quelles expérimentations ont été faites sur les prisonniers ? Quels ont été les résultats scientifiques obtenus ? Quelles furent les victimes ?… Des noms pour se souvenir, tel est l’objet de « Si ce sont des hommes, médecins de la mort au Struthof » de Serge Janouin-Benanti, aux éditions 3E éditions.

3,99 € en e-book.

Plus qu’un roman, un témoignage bouleversant.

 

Adieu Loubianka !

Adieu Loubianka

Adieu Loubianka ! de Maroussia Vassanaïev est publié en e-book chez 3E éditions, au prix de 2,99 euros.

Au lendemain d’une fête organisée par Yakov Sintchouk, le directeur de l’Étincelle de Lénine, de bon matin, on frappa à la porte de six amis. C’était la Guépéou ; on venait les arrêter pour les conduire à la terrible prison de haute sécurité Loubianka.

Le roman se déroule en URSS, dans la seconde moitié du XXe siècle. Six citoyens soviétiques coulaient une vie paisible. L’un était facteur, un autre boulanger s’occupait à confectionner des blinis… Tous s’acquittaient en même temps de leur corvée au kolkhoze l’Étincelle de Lénine, la coopérative d’État.

Ces citoyens sans histoires n’y comprenaient rien. Ils étaient tous communistes, sauf un, soit par conviction, soit par habitude pour faire comme tout le monde.

Aussitôt dans leur cellule, chacun va revivre sa vie passée pour essayer de comprendre ce qui lui arrive.

Agata Vikht était communiste depuis toute petite. Son père était un instituteur militant… Du temps du tsar, se disait Agata Vikht, la ronéo de mon père, qui tirait les tracts révolutionnaires, était au fond du jardin et fonctionnait à plein régime. Agata se souvenait encore de ce jour où la police tsariste avait fouillé la maison à la recherche de documents compromettants. Ce jour-là, elle s’était réfugiée près de la ronéo. Ils n’avaient rien trouvé… Que Caterina, sa mère, était belle alors ! Elle nouait ses cheveux dorés en queue de cheval. Elle avait dansé des heures sur la place publique après la révolution… Agata Vikht avait entendu parler de la Loubianka ; quand elle était enfant, on lui disait : si tu n’es pas sage, tu finiras à la Loubianka. Oui, mais qu’y faisait-elle aujourd’hui ?

Dans la cellule d’à côté, Sergueï Starostine bouillait de colère. Il ne comprenait pas pourquoi il s’était laissé arrêter comme un mouton. Il donnait des coups de pied dans son lit de fer. Lui n’était pas communiste. C’était un ancien pope, le parti lui avait confisqué son église pour la transformer en salle de bal… Au début, Sergueï Starostine s’était révolté, après il s’était habitué, à tout, même aux bidons d’eau de vie qui jonchaient le sol de son église les lendemains de beuverie. Irina, son épouse, était croyante elle aussi, elle passait de maison en maison pour prêcher la bonne parole. Et un jour elle était morte d’épuisement. Sergueï Starostine avait eu un renouveau mystique. Il célébrait des messes dans une grange délabrée, en secret. Pas tant que ça, des communistes venaient parfois écouter ses prêches. Mais il évitait tout conflit avec le parti. Il avait creusé son nid. Il se gardait bien de critiquer leurs directives. On ne savait pas ce que devenaient ceux qui leur tenaient tête… Debout dans sa cellule, il entend dans sa tête la chanson préférée de son fils Sacha. Sacha aux cheveux très noirs, tout frisés comme ceux de sa mère. « Je suis sûr qu’il se démène pour me tirer de là. Mon Dieu ! qu’est-ce que je fais ici ? » Il y avait bien eu cette réunion intitulée « la belle éducation populaire». Là, alors que le cadre communiste affirmait : « Dieu n’existe pas, tout ça, c’est du vieux monde. » Lui avait rétorqué, « Dieu existe. » « Démontre-nous donc que ton Dieu existe, si tu le peux ? » Sergueï Starostine avait baissé la tête sans savoir quoi répondre et l’autre avait ricané.

À l’inquisiteur de la prison qui l’interrogeait tous les jours, il avait osé dire : « Pourquoi suis-je ici ? » l’inquisiteur avait répondu : « Vous êtes sous la protection du parti pour vous empêcher de faire des erreurs. »

De quoi parlait-il au juste ?

Moshé Levinovitch lui aussi était à la Loubianka. Sa vie : il était facteur le matin et l’après-midi, il donnait un coup de main à l’Étincelle de Lénine.  Moshé avait été de toutes les luttes révolutionnaires. Il appartenait au peuple travailleur. Mais, il était juste une mouche, une toute petite mouche. En janvier 1919, il avait participé à l’opération de décosaquisation. Avec des camarades, il avait décapité la statue du tsar Alexandre III. Il avait brûlé les portraits de Nicolas II… Il ne comprenait rien à son incarcération. Il voulait parler à Kalinine, lui écrire au moins. Kalinine, c’était le président de toutes les Russies. Il était au-dessus de tout. Ne disait-on pas grand bien de lui dans le peuple ? Il était honnête, bon, un vrai Russe, quoi ! c’était ce qu’on disait… Sûr que lui le sortirait de là… Avant d’être enfermé comme un criminel, Moshé Levinovitch savait hausser le ton. On le considérait comme une grande gueule. Et voilà qu’ici, il sent la vie qui le quitte à petit feu. « Mon sexe est flasque, je ne suis plus un homme. J’ai jamais discuté les ordres du parti. Je ne suis pas un idéologue. Je suis juste honnête. Je veux sortir. Sortir. »

Le quatrième prisonnier, Vassili Vassanaïev avait fait la Seconde Guerre mondiale, il y avait perdu son bras gauche. Cela lui avait donné le goût du sang. Alors, il était paysan soldat comme tant d’autres. Il avait été féroce une fois revenu. Il avait tué Boris Viazemski un officier supérieur, avec d’autres c’est vrai, mais quand même… Maintenant, il était boulanger, il avait six apprentis, dont le fils du secrétaire du parti. Il faudra qu’il le dise à l’inquisiteur. Sans oublier de parler de sa fille Olga qui, à l’âge de 10 ans, avait besoin de son père, elle qui avait déjà eu plusieurs récompenses communistes. Que faisait-il en prison ? Après la révolution, il s’était assagi ; à présent qu’il menait une vie tranquille, voilà qu’il se retrouvait à la Loubianka ! Que penserait sa fille ? Il lui avait inculqué l’honnêteté. Il n’avait rien à faire en prison… La bonne odeur du pain chaud lui manquait. Ici ça puait la javel. Dans sa cellule, il s’était réveillé comme d’habitude très tôt, bien que la lucarne, qui lui servait de fenêtre, éclairait peu. Il voudrait tant être en train de pétrir sa pâte avec son unique bras valide.

Mira Saïapina, malgré son prénom de rêve, n’avait rien d’une princesse dans sa cellule de la Loubianka. Elle avait 71 ans, son métier c’était la terre. Entrée au parti à la révolution, elle était paysanne à temps plein à l’Étincelle de Lénine. Grâce à la révolution, elle avait sa maison, des volailles. Elle était déléguée syndicale, elle avait son franc-parler et savait réclamer du matériel agricole quand il devait être changé. Justement la veille de son arrestation, elle avait réclamé, mais juste pour qu’on lui trouve un nouveau manche de faux, le sien étant pourri. Pas de quoi l’emprisonner ! Maintenant ses poules qui allait les nourrir ? C’était une sacrée bosseuse, la nuit elle glanait sur les terres du kolkhoze pour pouvoir nourrir ses volailles… Elle avait beau chercher les motifs de son arrestation, elle ne trouvait rien. Son emprisonnement était incompréhensible. Elle dénoua sa longue tresse. Ses cheveux lui retombèrent sur les reins, les seins à l’air elle avait chaud de colère… Mira Saïapina avait habité Simbvisk, elle avait même assisté au baptême de Lénine. Aujourd’hui, lui mort, le parti était devenu fou. Kalinine, au secours !

Dans la prison de la Loubianka, les jours se suivaient et se ressemblaient. Et toujours cette lancinante question : Quand est-ce que ce cauchemar va s’arrêter ?… Non les journées ne se passaient pas entièrement dans la cellule, elles étaient entrecoupées par les interrogatoires du commissaire politique dans son bureau. Sûr de lui, droit dans ses bottes, baptisé au marxisme à sa naissance, élevé dès ses premiers pas dans les dogmes du parti, quand il interrogeait ses prisonniers, il n’avait aucun état d’âme. Que leur reprochait-il ? Que cherchait-il ? Pourquoi ces interrogatoires kafkaïens ?…Que deviendront les prisonniers ?

Comment toute cette affaire finira-t-elle ?

Adieu Loubianka ! de Maroussia Vassanaïev est publié en e-book chez 3E éditions, au prix de 2,99 euros.

Le double visage du Dr Karl Roos

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Le double visage du Dr Karl Roos, publié chez 3E éditions, au prix de 3,99 euros en e-book.

Les autonomistes alsaciens-lorrains dans l’entre-deux guerres

Les autonomistes d’un pays ont toujours intéressé les pays étrangers voisins. Le NSDAP, parti nazi, était fasciné par les autonomistes alsaciens-lorrains. Et pour cause, les nazis y avaient des admirateurs, d’autant plus que l’Allemagne avait occupé l’Alsace Lorraine pendant 48 ans !

Le trio badois, René César Ley, le Dr Henri Muth et le comte Rapp, puis Karl Roos, Robert Ernst et leurs amis dont Paul Schall, René Hauss, Marcel Stürmel… étaient tournés vers l’Allemagne. L’admiration de Karl Roos l’amènera à rejoindre les hitlériens. Quand les nazis occuperont l’Alsace, ils le porteront aux nues. Et le 19 juin 1941, ils lui rendront un hommage solennel posthume. Encadré de SS, son cercueil sera porté au château de Hunebourg, une des Ordensburgen de la SS… À partir de ce moment-là, des pèlerinages y furent organisés par les autorités hitlériennes, à grand renfort de propagande pour toute la population alsacienne-lorraine.

Dans ses projets pour l’Alsace-Lorraine, les autonomistes, dont Karl Roos et Robert Ernst seront l’arme efficace du IIIe Reich, ainsi que les leaders syndicalistes communistes comme Charles Hueber, député communiste et Jean-Pierre Mourer syndicaliste et communiste également..

Il y aura plusieurs procès des autonomistes. Karl Roos sera jugé 2 fois, Robert Ernst également. Lors de son premier jugement Karl Roos roulera ses juges, mais la seconde fois non. Condamné à mort, il sera fusillé le 7 février 1940 à Champigneulles près de Nancy.

Robert Ernst d’abord condamné par contumace, car réfugié en Allemagne, choisira carrément la nationalité allemande. Après la victoire des Alliés, lors de la Seconde Guerre mondiale, il sera de nouveau jugé, mais finalement, il coulera des jours heureux en Bavière. Il y mourut le 14 avril 1980 à Rimsting.

La résistance juive s’organise en Alsace

Dans l’entre-deux guerre, les réfugiés afflueront en Alsace. Beaucoup de Juifs fuyant le nazisme. Martin Buber en sera… Le Dr Joseph Weill organisera leur accueil et aussi la résistance contre le nazisme. Il occupera un rôle important.

La Hatikva, l’espoir organisation de jeunes résistants juifs, sera à la pointe de la lutte antinazie. Avec le Dr Joseph Weill, ils organiseront la résistance juive en Alsace. De nombreuses conférences pour débusquer Mein Kampf d’Hitler et Bagatelles pour un massacre de son admirateur Céline se tiendront à Strasbourg.

Enzo Sereni viendra lui aussi à Strasbourg pour dénoncer les nazis et leurs fidèles français. Celui qui croyait que Juifs et Arabes étaient frères, ce pacifiste convaincu lutta sans relâche contre les idéologies totalitaires. Malgré son âge, il insista pour faire partie d’un commando destiné à infiltrer les lignes allemandes pour prêter main-forte aux partisans italiens. Le 15 mai 1944, avec plusieurs autres, hommes et femmes, dont Hannah Szenez et Haviva Reik, les Anglais le parachutèrent au nord de l’Italie, occupée par les Allemands. Il fut pris. Les nazis le déportèrent à Dachau. Enzo Sereni fut fusillé par les SS le 18 novembre 1944, il avait 39 ans.

Lors de la 2de Guerre mondiale, quand les Allemands réoccuperont l’Alsace-Lorraine, le NSDAP donnera des postes de haute responsabilité à tous les autonomistes influents. Au préalable, ils avaient prêté allégeance à leur maître Hitler.

Dans le livre, Le double visage de Karl Roos, on va tantôt à Berlin, tantôt à Strasbourg, et on voit comment les liens se tissent entre les nazis, dont Joseph Goebbels, Karl Roos et Robert Ernst. Montée du nazisme au-delà du Rhin, montée du nazisme en deçà.

L’occupation nazie et le camp de Struthof-Natzweiler

Au moment où les nazis occuperont l’Alsace-Lorraine, ils seront sans pitié pour toutes les catégories sociales qui leur tiendront tête, et aussi pour ceux qu’ils appelaient les sous-hommes, juifs, homosexuels, malades mentaux…

Ils construiront des camps, dont le Struthof-Natzweiler, avec le monstrueux Josef Kramer comme commandant. Des scientifiques nazis, comme Eugen Haagen, Otto Bickenbach et August Hirt, y commirent les pires crimes. À partir de 1943, ils installèrent même une chambre à gaz. Le camp de Struthof-Natzweiler, c’étaient 52000 prisonniers, objet d’expériences, torturés, mutilés… L’horreur ! Le camp de Struthof-Natzweiler, ce furent 20000 morts ! Nuit et brouillard. Pas de procès, pas de trace…

La résistance alsacienne

La résistance en Alsace-Lorraine s’organisera, elle aura ses héros, dont la Main Noire, dirigée par Albert Uhlrich, Ceslav Sieradzki et Marcel Weinum, un mouvement d’une vingtaine de membres, apprentis ou collégiens ; c’étaient tous des catholiques très jeunes. Ils multiplièrent les actions qui allèrent en s’amplifiant contre l’occupant allemand. Le 8 mai 1941, ils lancèrent une bombe qui faillit coûter la vie au plus haut dignitaire nazi d’Alsace, le Gauleiter Robert Wagner… Marcel Weinum fut décapité à Stuttgart le 14 avril 1942, il avait 18 ans. Ceslav Sieradzki fut torturé à mort, il ne dénoncera pas ses compagnons, il avait 16 ans.

Près de 500 communistes alsaciens-lorrains furent déportés pour fait de résistance. Parmi eux beaucoup de cheminots, dont Georges Wodli, qui mourut au siège de la Gestapo, à Strasbourg le 2 avril 1941 sous la torture.

Les communistes, les croyants, une grande partie du pays résistait, contre l’assimilation forcée des hitlériens.

Le Dr Joseph Weill fut un résistant. Après l’évacuation de Strasbourg, replié dans le sud de la France, comme beaucoup d’Alsaciens-Lorrains, il fut sur tous les fronts. Il continuait à soigner également. Avec son frère Élie, Gaston Revel, Henri Nerson et Gaston Levy, il créa une équipe mobile de dépistage de la tuberculose pour toute la Dordogne… Après les lois antijuives de Vichy, qui interdirent aux médecins juifs d’exercer, le Dr Joseph Weill s’engagea dans l’OSE, l’œuvre de secours aux enfants, un groupe juif de résistance non armée. Il agira aux côtés d’Andrée Salomon, Georges Loinger, Lazare Gurvic, Julien Samuel et tant d’autres… Grâce à eux, 1500 enfants échappèrent Auschwitz. Puis, il alla se battre en Suisse. La guerre finie, en avril 1945, il revint en France, où il s’occupa des survivants de la Shoah… En 1954, il fut élu président du Consistoire israélite du Bas-Rhin, il mourut en 1988, à l’âge de 86 ans, très entouré.

Les procès d’après-guerre

Une série de procès, la guerre étant finie, auront lieu contre les hitlériens allemands et alsaciens lorrains, il y aura des exécutions, mais les idées d’Hitler seront loin d’être mortes. Robert Wagner fut jugé par le tribunal militaire de Strasbourg en mai 1946. À son procès, il se leva et hurla en allemand : « Vive le grand Reich allemand ! Vive Adolf Hitler ! » Dans le box, tous les autres accusés, eux aussi hauts dignitaires nazis, se levèrent et répondirent d’une seule voix : « Heil Hitler ! » en faisant le salut nazi… Le Gauleiter Robert Wagner fut condamné à mort, ainsi que Hermann Röhn, Walter Gädeke, Adolf Schüppel, Hugo Grüner et Richard Huber. Le 14 août au fort de Ney, Robert Wagner, Hermann Röhn, Adolf Shüppel, Walter Gädeke et Karl Buck (ex-commandant du camp de Schirmeck) furent fusillés.

Josef Kramer, bourreau du camp de concentration du Struthof, fut condamné à mort par un tribunal britannique. Il fut pendu le 12 décembre 1945.

Le sort des autonomistes français.

En fuite, le colonel SS Hermann Bickler, Paul Schall, René Hauss, René Schlegel, Edmond Nussbaum furent condamnés à mort par contumace par le tribunal de Strasbourg le 3 septembre 1947.

Jean-Pierre Mourer fut condamné à mort le 28 février 1947. Il fut fusillé le 10 juin.

Le 18 juillet 1947, la cour de justice de Mulhouse condamna Marcel Stürmel à 8 ans de travaux forcés, 20 d’interdiction de séjour et à l’indignité nationale.

Joseph Rossé fut condamné par la cour de justice de Nancy à 15 ans de travaux forcés, à l’indignité nationale à vie, à 20 ans d’interdiction de séjour et à la confiscation de tous ses biens le 12 juin 1947.

Pour justifier leurs thèses insensées sur la prétendue inexistence d’artistes juifs, les nazis arrêtèrent tous les compositeurs juifs du Reich. Herbert Gerigk les avait répertoriés à cet effet dès 1934, n’oubliant aucun « juif ou demi-juif ».

Les artistes juifs décimés

Trente-deux compositeurs et musiciens juifs célèbres furent déportés et moururent là-bas… Parmi eux, Gideon Klein, qui avait seulement 25 ans et avait déjà composé plus d’une vingtaine d’œuvres, il mourut au camp de concentration de Fürstengrube. Mordechai Gebirtig, de son vrai nom Bertig, fut abattu par la Gestapo dans une rue de Cracovie le 4 juin 1942, c’est lui qui avait écrit, en particulier, S’brent, « Au feu ! » le chant des combattants des ghettos, après le pogrom de Przytyk en 1938. Le compositeur autrichien, Vikto Ullamann, qui avait à son actif plus de 80 partitions, dont plusieurs écrites au camp de concentration de Theresienstadt, mourut gazé le 18 octobre 1944 à Auschwitz-Birkenau, il avait 46 ans. Pavel Haas, le compositeur tchèque, à l’œuvre si riche, plus de 50 créations, mourut gazé le 17 octobre 1944 à Auschwitz. Rudolf Karel n’était pas seulement un virtuose, il dirigeait un groupe de résistants antifascistes. Quand la Gestapo l’arrêta, pour ne pas donner le nom de ses camarades, il fit semblant d’être fou, malgré tout avant de mourir, il composa Le chant de la liberté.

En France, c’est Céline qui propageait les idées nazies. Ainsi, dans Bagatelle pour un massacre, il écrivait : « Le juif nègre, métissé, dégénéré, en s’efforçant à l’art européen, mutile, massacre, n’ajoute rien. » C’est ce qu’avait dit Hitler dans Mein Kampf. Céline ajoute : « Le juif, né rusé, n’est pas sensible… Les Juifs manquent désastreusement d’émotion directe, spontanée… Ils parlent au lieu d’éprouver… Ils raisonnent avant de sentir… Au strict, ils n’éprouvent rien… Le Juif est la plaie de l’Humanité, l’ennemi de toutes les nations… »

Céline, cet imbécile, ne connaissait pas :

Les musiciens Klezmer, le peintre Amedeo Modigliani, Offenbach, Mendelssohn, Darius Milhaud, Paul Dukas, et L’Apprenti sorcier, le sculpteur Jacob Lipchitz, Gustave Mahler, le peintre Marc Chagall, Kurt Weill et son Opéra de quat’sous, Arnold Shönberg, Marcel Lattès et ses centaines de musiques de film, Moïse Maimonide, qui a écrit dix-huit traités de médecine, Casimir Oberfeld qui a écrit la musique de Barnabé, Félicie aussi pour Fernandel et Paris sera toujours Paris, tant d’opérettes à succès.

Casimir, dont tout le monde a fredonné un jour ou l’autre une de ses chansons, a été arrêté et envoyé à Auschwitz, il est mort en janvier 1945, il avait 40 ans. L’autre français, Marcel Moïse Lattès, qui avait composé près de 40 musiques de film et écrit 12 opérettes, a lui aussi été déporté à Auschwitz, il est mort le 12 décembre 1943, il avait 57 ans.

Le double visage du Dr Karl Roos, publié chez 3E éditions, au prix de 3,99 euros en e-book.

Empoisonnement par la digitaline

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L’empoisonneuse à la digitaline de Viviane Janouin-Benanti aux Éditions 3E : 3,99 euros en version e-book.

Le poison et les femmes

Le poison et les femmes c’est une longue histoire, même si, quand on fait le bilan, il y a presque autant d’empoisonneurs que d’empoisonneuses.

Les poisons de la marquise de Brinvilliers

Dans ce domaine, des poisons, la marquise de Brinvilliers au XVII siècle tient une bonne place. Elle a marqué son temps et même l’histoire du crime. Elle commença par acheter un maximum de fioles, se renseigna sur tous les poisons disponibles et s’exerça sur ses domestiques pour voir les effets produits, privilégiant l’arsenic. Après s’être bien exercée sur ses domestiques, la marquise de Brinvilliers décida de passer à la famille. Pendant 6 mois, elle empoisonna quotidiennement son père, qui finit par succomber. La criminelle passa alors à ses deux frères et à sa sœur, qu’elle tua également.

Quels étaient les mobiles de la marquise ? Accaparer l’héritage des siens ? Avoir le maximum d’argent pour tenir son train de vie dépensier ? Ou tout simplement aimait-elle tuer ? Ou les trois à la fois ?

La jouissance de l’empoisonnement

Les empoisonneurs n’aiment pas la violence physique, les armes à feu leur répugnent, mais la violence psychique les fait jouir. Elizabeth Ducourneau, l’empoisonneuse à la digitaline, est de ceux-là. Elle aussi n’aimait pas la violence physique, elle aussi aimait tuer.

La marquise de Brinvilliers avait été violée à 7 ans par un domestique, et abusée par ses frères, cela peut expliquer une partie de son comportement. Mais, il n’en était rien pour Elizabeth Ducourneau.

La marquise de Brinvilliers fut guillotinée le 16 juillet 1676, devant une foule énorme.

La fin d’Elizabeth Ducourneau, l’empoisonneuse à la digitale

Elizabeth Ducourneau, née Lamouly,  fut guillotinée en 1941 avec moins de spectateurs, mais elle eut le privilège d’être la femme qui mit fin à 64 ans de non-exécution de femmes. La dernière exécution remontait à 1877.

Qui se cache derrière Elizabeth Ducourneau ? Savourait-elle le plaisir de tuer ? Aimait-elle, comme tous les empoisonneurs, voir souffrir lentement ses victimes qui ne comprennent pas ce qu’il leur arrive ?

Une criminelle perverse, manipulatrice, dissimulatrice, machiavélique

Très jeune, elle avait été fascinée par les poisons, particulièrement par les poisons végétaux, comme la digitale, l’aconit, la ciguë, la belladone… Et la mort des autres ne lui faisait pas peur. Implacable criminelle, Elizabeth Ducourneau était insensible à la souffrance d’autrui, comme tous les empoisonneurs. Elle fait partie des criminels pervers, manipulateurs, dissimulateurs, elle a tous leurs défauts.

Elizabeth Ducourneau ne s’est arrêtée d’empoisonner que lorsqu’on l’a arrêtée. Sinon, elle aurait empoisonné tout Bordeaux. Oui, qui se cache derrière ce beau visage, pourquoi mettait-elle de la digitaline dans la tisane, dans la nourriture ? Quels objectifs poursuivait-elle ?

Quelle peine méritent les empoisonneurs ? Ces criminels qui ne s’arrêtent que lorsqu’on les arrête ?

Les médicaments qui deviennent des poisons

La digitaline, remède ou poison, tout dépend qui la manipule. Si la digitaline tombe en de mauvaises mains, c’est la mort au bout.

Elizabeth Ducourneau n’avait aucune excuse, elle avait de bons parents, une enfance heureuse, un mari aimant, des enfants affectueux, elle tenait un commerce qui marchait bien, pourquoi alors tuait-elle ? Quels objectifs profonds poursuivait-elle ?

Le roman d’Elizabeth Ducourneau, l’empoisonneuse à la digitaline

C’est ce qu’on découvre au fil des pages du roman : L’empoisonneuse à la digitaline de Viviane Janouin-Benanti aux Éditions 3E (3,99 euros en version e-book).

Un vrai bonheur.

Les crimes de médecins

Les assassins ont mille et une idées pour commettre leurs homicides. Ce qui est plus étonnant, c’est lorsque l’assassin est un médecin. On pourrait penser que le crime d’un docteur est exceptionnel. Il n’en est rien comme le prouve Les Médecins criminels de Serge Janouin-Benanti paru en e-book chez 3E éditions  (4,99 euros).

couverture : les médecins et le crime
Les médecins criminels, Dr Petiot et Cie

Le docteur Holmes et son château de l’horreur, est un médecin tueur en série.

Sur les 13 médecins monstrueux étudiés dans Les Médecins criminels, le Dr Henry Howard Holmes occupe une place d’honneur dans le crime. C’est le Dr Holmes qui, préméditant de tuer à grande échelle, se fit construire au préalable, un véritable château de l’horreur, avec des caches, des chambres de torture, des conduites de gaz pour asphyxier dans les chambres, un tapis roulant pour descendre les cadavres au sous-sol et bien d’autres idées encore…

Qui donc mieux que le docteur Marcel Petiot, un assassin hors du commun, pouvait mieux disséquer les crimes de ses confrères.

Le narrateur c’est le docteur Marcel Petiot qui faisait ronronner sa cheminée pour se débarrasser de ses victimes, tous les cas de figure existent.

Ces 13 médecins criminels ont deux caractéristiques : imaginatifs dans le crime, ils finissent cependant tous par se faire prendre, car ils voulaient pousser encore et encore plus loin dans l’horreur, au point de se sentir invulnérables, ce que personne n’est.

Les médecins meurtriers ont une imagination féconde : ils tuent avec des pistolets, du poison, des couteaux, du gaz, des bistouris, et même avec leur plume. Ils ne ratent pas leurs victimes.

Marcel Petiot, qui s’y connaît en assassinats, a à son actif un nombre impressionnant de cadavres. On peut dire de lui que c’est un expert en matière de crime. Marcel Petiot est un docteur au courant des derniers progrès de la médecine, et il s’en sert pour faire le mal. Il est très intelligent, il trompe ses malades pour les entraîner là où il veut : vers la mort. Et pourtant, il est tellement malin, que tout le monde sur la place de Paris veut être soigné par lui. Comme il l’écrivait dans une de ses nombreuses publicités dont il était friand : Seuls, les imbéciles ne se font pas soigner par le Dr Petiot.

 

Les célèbres docteurs de La Pommerais et docteur Castaing, les médecins empoisonneurs.

Et puis, il y a les docteurs qui s’endettent jusqu’au cou. Alors, il leur vient à l’idée de tuer pour s’en sortir. Ainsi des victimes riches feront l’affaire.

Le Dr Edmond Couty de La Pommerais voulait la fortune, il voulait la reconnaissance, il employa tous les moyens. Il brigua les beaux partis. Plusieurs, quant à faire… Et les morts s’accumulèrent au pied du docteur La Pommerais.

Les crimes abjects du docteur Edme-Samuel Castaing, qui l’amenèrent à la guillotine, sont décrits dans le détail.

 

Le mystère de Jack l’Éventreur, dont deux médecins furent soupçonnés : les docteurs Thomas Neill Cream et Severin Klosowski Chapman

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S’il n’est pas prouvé qu’un de ces deux médecins était Jack l’Éventreur, les docteurs Neill Cream et Klosowski Chapman ont par ailleurs fait leurs preuves en tant qu’assassins.

Le docteur Gorguloff, le docteur fou qui assassina le Président de la République Paul Doumer.

Quel parcours étonnant que celui du docteur Paul Gorguloff, parti de Russie, dont le comportement bizarre fut attribué à son âme slave plutôt qu’à sa paranoïa ! Le président Doumer fut sa victime désignée.

Les grands médecins criminels impunis, comme le docteur Destouches, qui a contribué à la Shoah par ses écrits haineux et ses appels aux meurtres.

Oui, que dire du Dr Destouches, alias Céline ? Lui ne se salit pas les mains. Pas de sang sur lui. On peut être un criminel sans se salir les mains. Il est admiré comme un écrivain extraordinaire, comme si la forme pouvait camoufler le fond ! C’est sûr qu’écrire dans Bagatelles pour un massacre : « Le juif dont les nerfs africains sont toujours plus ou moins de « zinc », ne possède qu’un réseau de sensibilité fort vulgaire, nullement relevé dans la série humaine, comme tout ce qui provient des pays chauds, il est précoce, il est bâclé. »

« Mais d’où tiennent-ils tous ces canaques tant d’insolence ? Qui fera rentrer sous paillote tous ces « tam-tameurs » dépravés du Parchemin ?… Ces Démiurges en noix de coco ? Quelle chicotte remettra du plomb dans les charniers de tous ces singes ? les fera ramper dans leurs tanières ? »

Que c’est merveilleux !

Le Dr Destouches, dit Céline, prêchait la haine à longueur de lignes. Son Bagatelles pour un massacre, c’est le double de Mein Kampf… Le Dr Destouches celui qui se vantait d’être l’ennemi n°1 des juifs !… Personne ne lui barra la route. Il préparait le terrain à Hitler qu’il admirait tant, son maître.

À cause de lui des juifs seront dénoncés, battus à mort, arrêtés et déportés dans les camps d’extermination.

Le médecin Destouches ce criminel haineux donne la nausée. Pas à tout le monde, hélas !

Aujourd’hui, le Dr Destouches alias Céline serait sous les verrous, pas en ce temps-là.

Les Médecins criminels de Serge Janouin-Benanti paru en e-book chez 3E éditions : 4,99 euros.

Le Calvaire des Innocents de Jean-Paul Grellier

Ah ! Le Calvaire des Innocents de Jean-Paul Grellier chez 3E éditions.com !

Couverture du Calvaire des Innocents
Le calvaire des Innocents, une enquête du juge Nourry

Pour 4 euros 99 on fait un saut dans l’Histoire. Au cœur de la Vendée, alors que les affrontements entre républicains et royalistes, entre bonapartistes et les autres sont encore saignants dans les cœurs, un et même plusieurs assassins en profitent pour arriver à leurs fins.

Jean-Paul Grellier mène son intrigue en virtuose de la première ligne du roman jusqu’au mot fin, qu’on voudrait ne jamais voir arriver. Le style, fourni, sert l’enquête du juge Nourry avec brio…

Jean-Paul Grellier a été nourri aux légendes de sa région, il en connaît les épopées et les recoins par cœur. Une autre raison d’adorer Le Calvaire des Innocents. Authenticité et mythes se chevauchent tout au long des lignes pour notre plus grand bonheur.

Quand on termine le livre, on le referme avec nostalgie. Le lecteur a la sensation étrange d’avoir plongé dans un ailleurs puissant qui, tout au long du roman, lui a fait oublier en profondeur le quotidien.

Pourtant, à l’époque du juge Nourry, les passions et les motivations des criminels avaient des points communs avec celles des nôtres et on se dit, qu’au-delà de l’Histoire, on pourrait bien avoir vu à l’œuvre tel ou tel. Et on se signe d’avoir eu la chance de ne pas l’avoir croisé… C’est si vrai, que la nuit suivant la lecture du roman de Jean-Paul Grellier Le Calvaire des Innocents, on se tourne et se retourne dans ses draps, et on se réveille en sueur, et, les yeux grands ouverts, on se dit qu’on a hâte de lire la prochaine enquête du pertinent juge Nourry.

Le Calvaire des Innocents de Jean-Paul Grellier chez 3E éditions.com, 4,99€.

La Séquestrée de Poitiers

Viviane Janouin-Benanti

La Séquestrée de PoitiersUne affaire criminelle sans précédent, publié chez 3E éditions, au prix de 4,99 euros en e-book et 9 euros en livre broché (250 pages + cahier photo).

Fin mai 1901, des journalistes de toutes les régions de France déferlaient sur Poitiers.

À la suite d’une dénonciation anonyme, on venait de découvrir une femme de 52 ans, squelettique, entièrement nue, poussant des cris inarticulés, dans une chambre aux volets cadenassés, de l’hôtel particulier de la veuve de l’ancien doyen de la Faculté des Lettres.

C’était la fille de la maison, sœur d’un ancien sous-préfet qui habitait en face. Une affaire judiciaire impensable : une femme séquestrée vingt-cinq ans durant, venait d’éclater. Elle allait occuper l’opinion jusqu’aux procès.

Ce livre, c’est aussi l’histoire d’un homme et d’une femme que tout séparait. L’un était protestant, l’autre catholique ; l’un était républicain, l’autre royaliste ; l’une issue de la haute noblesse, l’autre du barreau poitevin et une grande différence d’âge n’arrangeait rien à leur relation.

Dans cette France du XIX<sup>e</sup> siècle qui hésitait entre la royauté et la république, ces deux êtres attachants s’aimèrent en dépit de tous : c’est ce qui a conduit au drame.

Pour mieux le comprendre, l’auteur a consulté tous les journaux parus à l’époque, tous les comptes rendus d’audience et les déclarations des différents témoins…

Un siècle plus tard, les réminiscences de ces clivages sont toujours présentes lorsque l’on évoque cette affaire dans la région.

3E vous recommande ce livre qui est une évocation fidèle et sensible d’un fait divers qui défraya la chronique judiciaire française et continue de diviser la population poitevine par-delà le temps. Ouvrage solidement documenté. Un roman palpitant, des pages de passion, beaucoup d’émotion.

La Séquestrée de PoitiersUne affaire criminelle sans précédent, publié chez 3E éditions, au prix de 4,99 euros en e-book et 9 euros en livre broché (250 pages + cahier photo).